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RENCONTRES VIGNERONNES

Yves Roumagnac

Interview d'Yves Roumagnac du Domaine Tart Avizat

Yves Roumagnac, vigneron au Domaine Tart Avizat depuis 6 ans, nous reçoit dans la charmante épicerie-caviste de sa compagne Marthe, à Peyriac de mer. Il nous parle de la création de leur cave particulière, de la fraîcheur de leurs vins, de leur conversion bio et de leurs projets : la biodynamie et l’introduction de brebis dans les vignes… Histoire d’une reconversion réussie !

Tart Avizat… Un nom peu commun ! D’où vient-il ?

Il s’agit d’un lieu-dit, où nous avons une partie de nos vignes. En Occitan, « tartane » voudrait dire « buse » et « avizat » signifierait « fais attention ». On remarque effectivement un pigeonnier au-dessus des vignes, d’où le domaine tire sans doute son nom.

 

S’agit-il d’un domaine familial ?

Oui, le domaine nous vient de la famille de ma compagne, Marthe. Du temps où il appartenait à son père, le vin était apporté à la cave coopérative de Portel des Corbières. Ce dernier est décédé en 2013, Benjamin le fils de Marthe, a assuré la transition puis a repris une autre activité professionnelle. Marthe et moi avons décidé de notre reconversion professionnelle. C’était en 2014.

 

Que faisiez-vous avant cela ?

Je travaillais au Crédit Agricole dans la région de Béziers, tout comme Marthe. Je m’occupais des viticulteurs clients de la banque, avec qui j’entretenais de bonnes relations, que j’ai d’ailleurs gardées. Le vin m’a toujours intéressé, j’ai toujours été à l’aise dans cet univers.

 

Avez-vous repris des études pour pouvoir gérer la vigne ?

Cela n’a pas été nécessaire. J’avais déjà fait un BTS viticulture. Je suis passionné par le vin et la terre depuis toujours, je me destinais au métier de vigneron et avais choisi des études en conséquence.

 

De la banque à la vigne, il y a un monde… Êtes-vous heureux de votre reconversion ?

La vigne, c’est ce que je devais faire au départ. J’en avais envie depuis toujours. Mais les choses de la vie font que parfois, on entre dans un système, on fait autre chose, juste de manière temporaire pense-t-on, et ensuite il est difficile d’en sortir. J’avais 48 ans quand je suis arrivé au domaine. Maintenant, je suis bien dans les vignes !

 

Qu’avez-vous changé depuis que vous avez repris le domaine ?

Pour commencer, nous avons transformé le domaine en cave particulière. Puis nous avons aussi décidé de passer en bio. Nous sommes dans la dernière année de conversion… Ce sera officiel en octobre.

 

Dans quel état étaient les vignes en 2014 quand vous avez pris la relève ?

Nous avons eu la chance de pouvoir nous appuyer sur un bel héritage : les vignes du père de Marthe étaient déjà belles. Certains Carignan avaient déjà plus de 60 ans. Nous en avons même quelques-uns qui sont centenaires. Les Grenache étaient de bonne qualité également. Aussi, nous avons tout de suite pu faire quelque chose de bien.

 

Avez-vous quand même un peu modifié le vignoble ?

Nous avons planté du blanc – du Vermentino et de la Roussanne. En dehors de cela, nous entretenons nos vieilles vignes, et remplaçons les manquants quand cela est nécessaire. 

 

Quelle est la taille du domaine ?

Il s’étend sur 16 hectares en tout.

 

Quelle est votre gamme aujourd’hui ?

Nous proposons aujourd’hui les 3 couleurs. Nos 2 blancs, notre rosé et nos 2 rouges sont 100% en AOP Corbières. Nous avons 2 gammes différentes : la gamme Saline, qui se décline dans les 3 couleurs, et la gamme Caravansérail, qui se décline en blanc et rouge seulement. Dans cette dernière, le blanc passe en fûts pendant 6 mois, le rouge pendant 12 mois. Les fûts utilisés ont déjà 3 ou 4 vins, car notre but n’est pas d’extraire trop de bois mais plutôt d’apporter un peu de rondeur.

 

Comment décririez-vous les vins de Tart Avizat ?

J’essaie de faire des vins assez légers, plutôt frais et digestes. Je les veux plutôt souples, pas trop charpentés.

 

Qu’apporte la proximité de la mer ?

La nuit, les entrées maritimes amènent de la fraîcheur. Il doit y avoir 3 ou 4 degrés de différence entre ici et l’intérieur des terres des Corbières. Dans notre blanc et notre rosé, on retrouve d’ailleurs une grande fraîcheur. La proximité de la mer doit aussi avoir un impact sur le goût de nos vins, car certains clients nous disent qu’il y a une certaine salinité ou légère amertume dans nos blancs et nos rosés. Comme on retrouve cette caractéristique chez nos confrères dans les environs, cela doit être dû au terroir.

 

Pouvez-vous nous dire quelques mots du terroir de Tart Avizat ?

Quand on dit terroir, on parle de deux choses : le sol et l’environnement.

En ce qui concerne le sol, nous en avons de deux sortes. Le premier est constitué des éboulis du massif de Fontfroide (grès, cailloux, sablo-limoneux), l’autre est plus calcaire sédimentaire. Sur ce dernier, le blanc et quelques Grenache se comportent très bien.

En ce qui concerne l’environnement, on bénéficie d’un gros avantage : ici, il y a beaucoup de vent. Même s’il nous embête par moment en provoquant un peu de casse, il permet de sécher la vigne les années très pluvieuses, et agit comme un antiseptique naturel. Il nous permet ainsi d’être moins interventionniste, et de passer moins de produits.

Le domaine Tart Avizat possède-t-il un vin emblématique ? 

Ce que nos clients apprécient sans doute le plus est la cuvée Saline en blanc (médaillée d’or au Concours Corbières cette année, comme le rosé d’ailleurs). Il s’agit d’un vin composé de Vermentino à 70%, et de Roussanne pour le reste. Avec un élevage en cuve traditionnelle, il reste frais et très aromatique. Un pointe de salinité amène de la fraîcheur, ce qui le rend assez agréable.

 

Comment commercialisez-vous vos vins ?

Pour le moment, nous sommes distribués essentiellement dans notre caveau et dans les environs du domaine. Marthe et moi démarchons petit à petit et faisons quelques salons. Depuis que nous avons repris le domaine, je me suis beaucoup occupé des vignes et de la conversion en bio. Pour la partie commerciale, il faut que nous trouvions des agents. C’est en cours, mais le Covid nous a ralenti.

 

Plus qu’un caveau de dégustation, vous avez une très jolie boutique dans le centre de Peyriac…

Nous avons crée cette boutique il y 5 ans… C’est le domaine de Marthe et de Benjamin. Effectivement, c’est plus qu’un caveau de dégustation. Marthe en a fait une épicerie-caviste ouverte toute l’année, qui propose divers produits et vins du Languedoc. La boutique a aussi un site internet.

 

Comment se passe votre conversion bio ?

En octobre cette année, cela fera 3 ans que nous avons démarré la conversion. Depuis toujours, Marthe et moi souhaitions faire du bio. Cela demande beaucoup de travail au niveau de l’entretien des vignes, surtout de la gestion de l’herbes. J’essaie de ne pas trop labourer, et fais des semis d’engrais verts : je sème l’hiver pour couvrir les sols (des légumineuses, des graminées, etc.) et amener de l’engrais vert qui fixe l’azote de l’air dans le sol. Cela décompacte les racines, et permet aussi de protéger le sol de l’érosion par la pluie en hiver. L’été, je roule le tout pour créer un tapis destiné à protéger le sol du soleil. Et je ne travaille le sol que sous le rang, avec des interceps derrière le chenillard, pour essayer de pas trop tasser les sols.

 

Quelle est la partie de votre métier que vous affectionnez le plus ?

Ce que je préfère, c’est m’occuper des vignes et du sol, tout en respectant l’environnement. Essayer d’avoir de jolies parcelles, et de beaux raisins surtout ! Ceci étant dit, la vinification est intéressante également. J’aime voir ce qu’on peut améliorer, constater ce qui marche, ce qui ne marche pas, faire des essais…

 

Quels sont vos projets pour le domaine ?

J’aimerais démarrer la biodynamie l’année prochaine, et mettre quelques animaux dans les vignes.

 

Comment vous êtes-vous intéressés à la biodynamie ?

Je me suis pas mal documenté sur le sujet et fait un stage d’une semaine avec Vincent Masson qui anime des formations pour viticulteurs depuis longtemps. Je devais démarrer cette année, mais je me suis rendu compte que je n’avais pas les cuves adéquates pour récupérer l’eau de pluie (l’eau d’ici est trop calcaire et son pH est trop élevé). Qu’à cela ne tienne, c’est remis à l’an prochain !

 

Bientôt des moutons dans les vignes de Tart Avizat…

Oui, j’ai envie de prendre quelques moutons. Nous avons participé l’an dernier à une journée dédiée au sujet et animée par le Biocivam de l’Aude. A cette occasion, nous avons échangé avec un berger et depuis, l’idée a fait son chemin. Je compte acheter une vingtaine de bêtes pour les mettre dans les vignes pendant l’hiver, puis les transférer sur des parcelles non plantées pendant l’été.