Sophie Guiraudon

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RENCONTRES VIGNERONNES

Sophie Guiraudon

Interview de Sophie Guiraudon du Clos de l'Anhel

Sophie Guiraudon, propriétaire du Clos de l’Anhel, fait partie de l’association Vinifilles*. Elle partage avec nous son coup de cœur pour ce collectif de vigneronnes, son goût immodéré pour le bio et son engagement fort en faveur de la biodiversité.

La création du domaine en 2000

A deux pas des superbes gorges du Congoust, entre Ribaute et Lagrasse, le Clos de l’Anhel se compose aujourd’hui d’une dizaine d’hectares de vignes plantées autour d’une bergerie (« anhel » signifie agneau en occitan). En 2000, Sophie Guiraudon et son ancien compagnon rachètent six hectares de vignes en coopérative et créent le domaine, en installant leur cave de l’autre côté des gorges, à Montlaur. Pendant quelques années, ils travaillent en pluriactivité, Sophie exerçant le métier d’œnologue conseil au laboratoire Dubernet quand elle n’est pas à la vigne ! Mais en 2009, elle se sépare de son compagnon. Que faire du domaine ? Ne manquant pas de courage, Sophie fait le grand saut et reprend seule les manettes du Clos de l’Anhel…

 

Le coup de cœur pour les Vinifilles

« Il y a une forme de solitude dans ce métier, que j’ai ressentie quand j’ai commencé à travailler seule », confie Sophie. Comme elle entend depuis un moment parler de l’association Vinifilles, la vigneronne décide finalement d’aller toquer à leur porte en 2012. Justement, elles n’ont encore personne en Corbières… Le courant passe immédiatement et Sophie est intégrée, pour son plus grand plaisir ! « Quand je me suis retrouvée seule à la tête du domaine, je ne savais pas si j’allais y arriver. Mais les Vinifilles m’ont boostée. On est toujours plus à l’aise entre femmes pour se confier et partager nos soucis. Je me suis vite aperçue que certaines filles rencontraient les mêmes difficultés que moi. Ça m’a apporté une énergie incroyable, et nous prenons toutes un plaisir fou à se retrouver lors de nos réunions ». Chacune joue un rôle précis : l’une s’occupe des relations avec les institutions, une autre est à fond sur les réseaux sociaux, une autre encore se charge de la décoration des soirées… Le truc de Sophie, ancienne œnologue, c’est la technique. Oxydation et réduction des vins, amendement, la taille douce, clarification des vins… Elle se charge de mettre en place des formations.

 

Un groupe de copines aussi actif que solidaire

« Nous sommes très soudées, poursuit Sophie, et nous nous entraidons à la moindre occasion : problème technique, juridique, besoin d’une cuve, etc. Après 10 ans, nous sommes devenues une vraie bande de copines. » Elles se voient tous les 2 mois environ et multiplient les actions communes : salons, dégustations, réception de groupes, etc. Leur dernier grand rassemblement remonte à 2019 : la veille de Millésime Bio, elles ont fêté leurs 10 ans et présenté un livre à cette occasion : «Les Vinifilles dans les Etoiles » : une Vinifilles/un chef étoilé, un vin/un plat… Elles organisent aussi régulièrement des actions conjointes sans pour autant être au complet : « Récemment, j’ai fait avec une autre Vinifilles un salon commun en Bretagne, puis avec une autre, un voyage à Paris car on a un client commun… Mais il arrive que l’on s’appelle tout simplement pour aller à un concert ! » Les Vinifilles ont créé un catalogue commun et proposent aussi des groupages à leurs clients : « A chaque avant-veille de réunion des Vinifilles, on appelle nos clients pour leur demander s’ils veulent commander du vin. Et quand on se voit, on met nos voitures en étoile pour s’échanger les commandes ! C’est intéressant pour les clients, car les frais de port diminuent. »

 

La bosse du bio, la vraie !

Le Clos de l’Anhel a toujours produit en bio, et obtenu la certification en 2006. Pour moi le bio c’est hyper important, annonce la vigneronne de Montlaur. Ce n’est pas une question de mode ni un simple cahier des charges, mais une remise en question permanente de mes choix techniques et agronomiques. J’ai la chance d’avoir un domaine très regroupé et préservé, entouré de garrigue, avec très peu de voisinage. Alors je vais à fond dans le sens de la biodiversité, c’est un vrai engagement. Pour moi, la vraie définition du bio est d’avoir un milieu très vivant et dynamique.

Je fais une bio très poussée à la vigne : je laisse les haies et les herbes, plante des arbres, place des nichoirs, préserve les ilots, entretiens les murets, laisse les figuiers au milieu des vignes et multiplie les petites parcelles pour contrer la tendance de la monoculture.

Une politique de plantation jusqu’au-boutiste

Sur les vignes de Sophie Guiraudon, ne pousse pas n’importe quoi… La vigneronne du Clos de l’Anhel met la barre de la qualité très haut en greffant directement sur la vigne. « Je plante le porte-greffe dans la vigne, explique Sophie, et quand il est assez gros, j’y ajoute le greffon sur place. C’est beaucoup plus qualitatif car le porte-greffe a le temps de bien s’implanter dans le sol, et la greffe est mieux réussie quand elle est faite sur place, de façon manuelle. » De plus, Sophie a opté pour une sélection « massale » non subventionnée par les organismes d’aide (la plantation est aidée seulement si on plante une sélection « clonale »). « J’ai acheté 2000 pieds chez un fournisseur top qualité pour planter ma vigne, confie-t-elle en souriant, tout à fait consciente de son entêtement à tout faire dans les règles de l’art. Quand on plante en clones, on se retrouve avec 1000 individus identiques. Alors qu’en sélection massale, le pépiniériste fait sa propre sélection : il propose des individus uniques. Et une vigne plantée avec 1000 individus différents, c’est mieux pour la biodiversité. » Bref, Sophie n’a pas bénéficié de subventions, mais elle s’est fait plaisir en plantant le top du top. Vraiment, quand il s’agit de biodiversité, la Vinifille des Corbières n’y va pas de main morte !

 

*Les Vinifilles est une association Loi 1901 créée en 2009. Elles sont 18 en tout, réparties dans tout le Languedoc, de Collioure à Anduze (au nord de Nîmes).

Crédit photo : Jerome_Morel