Cave de Montredon

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RENCONTRES VIGNERONNES

Cave de Montredon

Après avoir longuement roulé sa bosse à l’étranger, Patrice Aviles a opéré un virage à 180 degrés pour devenir vigneron, puis président de la Montredonnaise (cave coopérative de Montredon-des-Corbières). Entier, enthousiaste et franc, il nous dit tout sur le bon vin qui sort chaque année des cuves de « la coop’ ».

Voulez-vous déjà être vigneron quand vous étiez enfant ?

Pas du tout ! J’allais de temps en temps dans les vignes avec mon père et mon grand-père, mais ça ne m’attirait pas plus que ça… J’ai fait une formation de cuisiner et travaillé 10 ans dans l’hôtellerie, principalement à l’étranger. Au milieu des années 90, alors que je vivais à Londres, j’ai eu envie de rentrer. Après une saison dans la région, j’ai décidé d’arrêter. Ma famille étant issue de la viticulture, j’ai commencé à travailler avec mon père vigneron, qui préparait son arrêt d’activité… Et c’est alors que j’ai décidé de reprendre l’exploitation familiale.

 

Qu’est-ce qui vous a poussé à changer de métier ?

Ce qui m’a fait changer d’avis, c’est que le métier de cuisinier me rendait très dépendant des horaires : je n’avais pas de week-ends, pas de jours fériés, et la vie familiale semblait compliquée. J’avais envie d’avoir des responsabilités, d’être mon propre patron, et j’ai vu les vignes de ma famille comme une belle opportunité de reconversion.

 

Est-ce votre père qui vous a appris le métier ?

Impossible, je partais de trop loin ! J’ai suivi une vraie formation avant de m’installer au début des années 2000. Je me suis aussi perfectionné en travaillant pour la cave de Montredon 10 ans d’affilée, pendant les vendanges, parce que tout était 100% mécanisé et que je pouvais dégager du temps. Cela m’a permis de découvrir l’envers du décor : il ne suffit pas de vider la récolte et partir, c’est un peu plus complexe que ça (rires). Aujourd’hui, cela me donne des arguments quand je désire essayer de convaincre les vignerons d’être patients pour obtenir de beaux produits.

 

Quel bilan tirez-vous de cette reconversion ?

J’en suis tout à fait satisfait bien qu’au niveau des horaires, ce soit encore pire qu’avant (rires) ! Certes, je travaille beaucoup plus qu’avant, mais je suis libre de faire ce que je veux à l’heure que je veux, et pour moi cela n’a pas de prix. On a un métier très libre.

 

Comment avez-vous fait évoluer votre vignoble ?

Mon père avait 20 hectares, dont une partie sur la plaine du Narbonnais et une autre ici sur Montredon. Je me suis concentré sur Montredon et j’ai réussi à créer trois ilots au terme d’un long travail de restructuration, d’encépagement et d’actions foncières… Du fait de notre localisation en zone périurbaine, nous subissons une importante pression foncière.

 

Comment vous accommodez-vous de cette pression foncière ?

Nous avons créé le programme Terra rural, en partenariat avec Chambre d’Agriculture et le Grand Narbonne. Il s’agit de reconquérir les friches, éliminer les vignes à l’abandon et replanter pour densifier le vignoble.

 

Pouvez-vous nous présenter la cave de Montredon ?

Près de 30 000 hectolitres sont vinifiés chaque année à la cave, qui date de 1948. Nous avons 460 hectares en production et 40 adhérents. L’une de nos particularités est qu’il n’y a pas de bureau ici ! Nous sommes seulement 12 au Conseil d’Administration : c’est peu, mais c’est aussi une force car quelques coups de téléphone suffisent pour que dans la minute, tout le monde soit là !

L’idée est de sensibiliser et de faire de la pédagogie, pas de passer en force, car remporter l’adhésion de tous exige du temps…

Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir président ?

L’aventure est née d’un événement malheureux : le décès relativement soudain de l’ancien président, en 2014. Déjà membre du Conseil d’Administration, je me suis porté candidat et j’ai été élu. Mais attention, je ne suis pas seul ! J’ai un noyau autour de moi qui travaille dur !

 

Quelle est la gamme Corbières de la Montredonnaise ?

Nous avons refondu la gamme il y a peu, ainsi que les étiquettes qui affichent désormais une esquisse de la tour de Montredon. Nous avons un blanc, un rosé qui a obtenu une médaille d’or au Concours Corbières en 2021, et 3 rouges dont 2 haut-de-gamme : le T de Montredon (que l’on vient juste de créer !), et le Château de Jonquières que nous sommes en train de relancer après une phase d’interruption.

 

Quels sont vos circuits de vente ?

La cave est adhérente à la coopérative du Val d’Orbieu depuis 1978, à laquelle nous livrons la quasi-totalité de notre production. Nous avons aussi une commande à réaliser chaque année sur des produits spécifiques pour nos propres clients, et enfin nous faisons de la vente directe.

 

Sur le plan environnemental, quelles initiatives avez-vous prises ?

  • La fertilisation organique - Nous avons commencé au milieu des années 2010 avec l’accompagnent du Groupe Frayssinet. Le terroir de Montredon étant très peu irrigué, nous cherchions à réguler la récolte malgré le manque d’eau en nourrissant bien le sol et la plante. Il a fallu attendre 2 à 3 ans mais les résultats sont bons. Le végétal résiste mieux, notamment les années où il fait très chaud.
  • La confusion sexuelle : Nous y sommes allés par étapes, sur 3 ans, et aujourd’hui le vignoble est traité ainsi à 100%. Nous le faisons de manière collective en 2 ou 3 jours, ce qui permet de nous voir, d’aller dans les parcelles des autres, et de terminer par un repas. C’est un beau moment d’échanges et de rencontres !
  • « zéro herbicide » - Nous effectuons actuellement des tests à l’aide d’interceps.
  • HVE3 - Nous sommes certifiés depuis 2019. Cette certification est devenue l’accès au marché, donc tout le monde doit y venir.

 

Réfléchissez-vous au bio ?

Je pense qu’il sera nécessaire qu’on ait une offre bio dans le futur. On l’envisage car on est déjà dans une conduite raisonnée, mais ici on procède par étapes. L’idée est de sensibiliser et de faire de la pédagogie, pas de passer en force, car remporter l’adhésion de tous exige du temps… Et puis cela nécessitera des investissements, puisqu’il faudra être en mesure d’isoler ces productions bio à la cave.

 

Quels sont vos projets ?

Nous en avons toujours à profusion… Nous venons tout juste de finir de restructurer la gamme Corbières et de sortir un rouge haut-de-gamme en Corbières. A présent, on envisage de développer une gamme fondée sur les cépages.