Domaine Le Temps des Dames

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RENCONTRES VIGNERONNES

Domaine Le Temps des Dames

Laurie et Julie Arthozoul - deux sœurs, la trentaine, la joie de vivre, une bonne humeur communicative et un professionnalisme irréprochable : on vous présente les lumineuses vigneronnes du Domaine Le Temps des Dames, à Talairan.

Diriez-vous que vous êtes devenues vigneronnes par tradition familiale ou par passion ?

Laurie : Nos parents ont traversé la crise viticole, et eu beaucoup de difficulté à une époque où le vin ne se vendait plus. Ils se sont dit : « Est-ce qu’on se bagarre pour nos filles ou est-ce qu’on arrête ? ». Je suis heureuse qu’ils aient persévéré.

Julie : On savait qu’on avait un beau patrimoine, que nos parents nous le gardaient au chaud… Mais nos parents nous ont laissé le choix. A nous de décider… Et vers 15 ans, on a fait notre choix.

 

A quand remonte cette idée de travailler ensemble ?

Julie : On a toujours su qu’on voulait faire des choses ensemble car on s’entend très bien. Bien sûr parfois ça crie (rires) mais deux heures plus tard, c’est oublié. Tout en choisissant de reprendre le domaine, on savait qu’on ne voulait pas travailler dans le même secteur d’activité au sein de la filière. Ma sœur a fait des études au lycée agricole Charlemagne et s’occupe aujourd’hui de la partie viticole (bien que j’aille tailler avec elle), tandis que je m’occupe du commerce (bien qu’elle vienne avec moi sur les salons).

Laurie : Chacune est responsable de sa partie, et on vinifie ensemble. C’est un moment qu’on adore partager. C’est la concrétisation de tout ce qu’on a fait avant.

 

Vous gérez le domaine en famille ?

Laurie : Nos parents continuent d’ajouter leur grain de sel de temps à autre bien sûr, et même la grand-mère, à 89 ans, donne son avis !

Julie : Ce sont nos grands-parents maternels qui ont créé le domaine et ma mère, étant fille unique, l’a repris. Notre père qui était électricien a changé de vocation en cours de route pour venir aider ma mère sur la propriété. Et nous espérons que nos enfants suivront le mouvement. Nous en avons 2 chacune !

 

Quels changements avez-vous opérés depuis que vous avez repris le domaine ?

Laurie : Nous avons développé la partie bouteille, et changé le nom du domaine. A l’époque, le domaine s’appelait François et Arthozoul. Quand on a repris, on s’est dit qu’il nous fallait un logo, une marque et un nom accrocheur. Alors le Temps des Dames nous est venu – un nom qui évoque les 3 générations de femmes qui se sont succédées sur notre domaine.

Julie : Nous avons aussi beaucoup replanté parce que les vignes sont très veilles. Certaines ont 120 ans ! C’est une chance car leurs raisins sont très aromatiques et parce que pour faire de bonnes bouteilles, il faut de vieilles vignes. Mais pour vivre, il en faut des nouvelles aussi ! Pour rester compétitif, on ne peut pas vendre le vin trop cher non plus, car il y a du très bon vin partout à un prix très correct dans les Corbières.

Les gens avaient tendance à nous prendre pour des revendeuses !

Comment vivez-vous le fait d’être des femmes dans ce métier ?
Julie : Au début, ce n’était pas si évident que ça, car c’était « un métier d’hommes ». Nous étions des femmes, et des jeunes femmes, donc pas forcément crédibles sur les foires et salons. Notre père vendait bien mieux que nous… Les gens avaient tendance à nous prendre pour des revendeuses !

Laurie : Maintenant c’est beaucoup plus fluide, et on a même souvent affaire à des femmes. Nous avons fait du côté familial/traditionnel notre force. Parce que dans le vin, on ne vend pas que le vin mais l’histoire, la famille et ce qui se passe au moment où on vend la bouteille. Les gens qui viennent au caveau se régalent car il voient notre grand-mère qui fouine (rires), nos compagnons qui passent et ont toujours une histoire à raconter, les enfants qui jouent, etc. L’ambiance est conviviale, et c’est aussi ce qu’on vend.

 

Et les affaires marchent ?

Laurie: On a passé un cap, car au début on en a bien bavé !

Julie : Nous étions « aides familiales » toutes les deux depuis 2010, et nous nous sommes installées en tant que chef d’exploitation en 2018 avec l’aide Jeune Agriculteur. C’est une aide difficile à obtenir car le dossier est très complet – il s’agit de faire un plan ultra précis sur 5 ans - mais c’est un bon tremplin. Sans cette aide, on n’aurait jamais pu faire tout ce que l’on a fait.

 

Comment est composé votre domaine ?

Julie : Nous avons 16 hectares en production vigne répartis en 4 îlots autour de Talairan, et une soixantaine de lande/friche. De quoi s’amuser !

 

Quelle est votre gamme de vins ?

Laurie : Notre première création a été notre rouge AOP Corbières, qui est aussi notre meilleure vente. Nous sommes parties de la base que faisaient nos parents : un Syrah/Grenache/Carignan – le classique des Corbières – bien ramassé, bien trié, et on l’a vinifié en macération carbonique. Finalement, on a réussi à faire un vin très sympa qu’on a appelé Les Épicuriennes parce qu’on aime bien manger et bien boire, avec modération bien sûr.

Julie : Les Épicuriennes, c’est nous ! Même l’étiquette – une peinture abstraite d’une amie de la famille  - raconte notre histoire.

 

Quels sont vos autres vins ?

Julie : Nous avons créé quatre cuvées en mono-cépage, à la naissance de chacun de nos quatre enfants. Dans l’ordre d’apparition des enfants, nous avons fait un blanc 100% Maccabeu pour Louis, un rosé pour Jade (le rosé historique de notre grand-père auquel nous avons ajouté notre patte), un rouge 100% Carignan vieilles vignes pour Marius et un 100% Syrah pour Alaric. Notre vin raconte notre vie.

Laurie : On les défend bec et ongle car il s’agit de nos enfants… Imaginez quand on nous demande lequel on préfère… Impossible de répondre. On ne choisit pas entre deux enfants (rires) !!!

 

Comment gérez-vous la préservation du domaine sur le plan environnemental ?

Laurie : On est à fond sur l’environnement, c’est très important pour nous. Moi qui suis commerciale, je voudrais passer en bio. En attendant, quand je rencontre des clients, je mets en avant l’aspect familial : c’est nous qui passons les traitements et pas un ouvrier. Nous emmenons nos enfants à la vigne… Alors on fait le minimum de traitements. D’ailleurs, il reste de l’herbe dans nos vignes.

Julie : Et moi qui m’occupe de la vigne, quand Laurie me parle bio, je lui réponds « mollo mollo » (rires). On est déjà HVE3. On réfléchit et on fait très attention, car on veut profiter de nos enfants et préserver les vignes au maximum. 

 

Le mot de la fin ?

Laurie : Nous vivons de notre passion, entourées de gens avec qui on s’entend bien, dans la bonne ambiance. C’est l’avantage de travailler en famille. On peut se permettre de se dire des choses qu’on ne dirait pas à un ouvrier. Un bon clash par-ci par-là, et basta (rires) !

Julie : Notre génération veut profiter de la vie, des enfants, voyager. On travaille parce qu’on aime ça et aussi pour s’offrir des plaisirs. Et le vin est un plaisir